Certains humains sont des papillons de nuit. D’autres se couchent avec les poules, comme la mienne. Perso, je ne comprends pas, car en tant que chien de travail, je ne dors jamais sur mes deux oreilles. Vigilance et semper fi sont mes mots d’ordre. Je dois rester en alerte, au cas où l’alarme est donnée.
Mais il se trouve que mon humaine soit de nature stressée de la vie 😀 Elle est capable de faire nuit blanche à regarder les murs et psychoter pour un projet ou une idée. Et quand les dead-lines approchent, c’est de la pure folie. Surtout à quelques jours des marathons, n’en parlons plus. Elle se réveille en plein milieu de la nuit et rode comme un fantôme, pendant des heures dans la maison, dans le noir. Et ce, avec tout le sport qu’elle fait.
En plus, elle dit essayer de compter des moutons pour s’endormir. Je les ai cherchés partout, ces moutons, je me porte bien volontaire pour encadrer ce troupeau-là, mais pour l’instant je n’ai pas bien saisi où elle les cache.
Mais, en fin de compte, comment s’endormir ?
Un jour je l’ai vu déballer d’une petite boîte bleue un petit machin qu’elle a déniché sur internet. Elle achète tout sur Amazon, de toute manière. Installé sur la table de chevet, ce petit galet blanc a attiré tout de suite mon attention, parce qu’il projette une espèce de lumière bleue sur le plafond. En bon chien de garde, j’ai d’abord essayé de la chopper et la neutraliser, of course ! Mais, hélas, c’est bien trop haut. Et puis, comme je m’excitais en sautant sur le lit, l’humaine m’a foutu dehors. Sacrée reconnaissance !
Le lendemain, elle racontait à une copine, au téléphone, que c’était « trop génial » parce que ce truc qu’elle appelle Dodow utilise des techniques de relaxation proches de la méditation. En gros, si j’ai bien compris, elle fixe la lumière bleue et pouf ! elle s’endort !
Enfin, je crois bien que c’est un peu plus complexe que ça, car les humains n’arrivent pas à s’endormir, tant que des idées leur trottent dans la tête. Et, pour qu’elle vide complètement son esprit, c’est que ce petit gadget est vraiment pas mal.
La petite lumière bleue que j’essaie toujours d’attraper, s’agrandit et rétrécit. L’humaine cale sa respiration sur le rythme de ces pulsations et, au bout d’un moment, ne pense plus à rien. Regard vide, quoi. C’est comme ça qu’elle se laisse tomber dans les bras d’un gars qui s’appelle Morphée. C’est elle qui le dit. Et les matins, elle se réveille avec un gros sourire et envie de jouer avec moi. Plutôt cool, donc.
Et ces derniers temps, avec Loulou, on commence à apprécier le Dodow encore plus. Oui, on est plutôt contents quand les humains mettent en route leur nouveau jouet. Ça marque la fin d’un bon moment de panique pour nous deux. Mais oui, parce que dès qu’ils nous sortent de la chambre, d’habitude, on attend d’affolants gémissements de détresse. Et même si des « oui, oui, oui » sont glissés de temps à autre, je ne suis pas rassuré, ça n’a pas l’air normal, ce qui se passe là-dedans. Heureusement qu’avec le Dodow, je sais exactement quand ça s’arrête pour de bon.
En tout cas, c’est pas Loulou qui aurait des problèmes pour s’endormir. Elle tombe comme une masse n’importe où, n’importe quand. Et puis, elle ronfle. Pire qu’un moteur de tracteur. Tout ça pendant que mon sommeil est hanté par la lumière bleue. Dans mes rêves, je finis par l’attraper et la gober toute entière. Je parie qu’elle a bon goût.