
Pendant mon voyage en Corse, pour la première édition de la Corsican Race où les chiens sont acceptés, dont je vous parlais dans cet article, j’ai également eu la chance de rencontrer l’équipe KDOG de l’Institut Curie, qui y participait aussi pour faire découvrir son projet. KDOG est un programme porté par l’Institut Curie. C’est un projet pour le moins original : la détection du cancer du sein, par des chiens entraînés pour cette tâche.
La genèse du projet KDOG de l’Institut Curie
L’idée est venue à sa créatrice, Isabelle Fromantin, infirmière de formation, lors d’une mission humanitaire en Afrique. Elle a constaté que, dans certaines communautés, les femmes souffrant de cancer du sein étaient exclues du groupe social à cause de leur odeur. En plus de la maladie, elles souffraient donc du stigma social. Elle s’est dit que si en phase terminale, le cancer du sein a vraisemblablement une odeur pour l’humain, pour l’odorat bien plus développé du chien, il est possible qu’il ait une odeur même dans une phase naissante. Le projet est né de ce constat.
L’objectif est donc de dépister le cancer du sein de manière précoce, fiable et non-invasive, afin d’être accessible également aux femmes en milieu défavorisé, où le taux de dépistage tardif est le plus important, aux femmes en situation de handicap, qui ont du mal à se déplacer pour une mammographie, également aux femmes des pays en voie de développement, qui ont moins accès aux soins et parmi lesquelles la taux de mortalité à cause du cancer du sein est plus élevé. Par la suite, pourquoi ne pas essayer le dépistage d’autres types de cancers, si la méthode s’avère fiable.
Comment ça fonctionne ?
A Ajaccio, l’équipe KDOG de l’Institut Curie a tenu une conférence de presse au sujet du projet, de son fonctionnement, du dispositif qui se trouve derrière et j’ai eu donc la chance d’entendre à la source ces informations-là. Par la suite, j’ai pu également échanger avec ces experts sur tout un tas de choses liées à l’avancement du projet et ses besoins. Je peux vous dire que c’est incroyable de par la simplicité et son utilité à grande échelle.
Tout d’abord, le choix des chiens est porté pour l’instant sur des races qui ont déjà fait leurs preuves dans des services de détection, comme ceux de la police ou de la gendarmerie. Il y a des malinois, des springers et des labradors, soit les races les plus souvent utilisées pour la détection des explosifs et de la drogue. L’équipe KDOG de l’Institut Curie est ouverte au test avec d’autres races, mais, pour l’instant, ils se concentrent sur celles-ci.
Ensuite, les chiens ont des formateurs qui leurs sont attribués et qui s’occupent d’eux au quotidien, chacun maximum deux chiens, car la relation de confiance et de proximité demandée par ce type de travail est très importante. Les chiens sont entraînés au clicker (je vous parle souvent des mérites de ce petit outil, cela ne fait que renforcer mon avis sur la question) et de manière positive. Ils ont des formations qui durent une vingtaine de minutes par jour, afin de garder leur motivation pour la détection au plus haut.
Techniquement, on amène le chien dans une salle où il peut voir 4 cônes identiques, qu’il est ensuite censé renifler pour essayer de détecter s’il y a un échantillon positif ou pas. La forme des cônes a été longuement étudiée et modifiée à plusieurs reprises, afin d’être adaptée au mieux aux besoins des chiens et de leur faciliter la tâche. Le chien doit être dans un état d’esprit tranquille et positif afin de bien travailler, on attend donc que son excitation descende avant de l’inviter à sentir des échantillons. La consigne est qu’il doit s’asseoir lorsqu’il trouve l’échantillon positif. C’est sa manière de le faire savoir à son formateur.
Mais, pour simuler des conditions réelles, les chiens doivent être aussi mis en situation de ne pas trouver d’échantillon positif. Le challenge a été de les faire travailler « à blanc », car lorsqu’un chien trouve l’échantillon avec le cancer, il s’assoit, il reçoit un click et une récompense. Mais s’il n’y a pas d’échantillon positif, il n’y a pas de récompense non plus. Pour les chiens, cela n’est pas très motivant, soyons honnêtes. Du coup, l’équipe de formateurs a dû imaginer un nouveau scénario, afin de pouvoir donner un stimulus au chien quand même. Maintenant, s’il n’y a pas d’échantillon positif, le chien doit aller s’asseoir sur une plateforme en bois au bout de la salle de dépistage. Cela lui permet de dire « j’ai cherché, il n’y a pas de résultat positif, file-moi une friandise 😀 ».
Ils ont besoin de vous !
Lors de la conférence, l’équipe de KDOG – Institut Curie a fait un appel public, que je vous relaie aussi : ils ont besoin d’échantillons sains. Afin d’entraîner les chiens, on leur propose 4 échantillons, dont un échantillon testé positif et 3 négatifs. La vérité est que, de par son activité, ce programme a facilement accès à des échantillons positifs (où le cancer du sein a été identifié) mais pas assez d’échantillons négatifs (donc sains).
Si vous êtes une femme et que vous avez réalisé une mammographie qui s’est avérée négative dans les 6 derniers mois, vous pouvez aider ! Pour ce faire, il suffit d’envoyer un mail à travers ce formulaire, afin de recevoir par la poste un kit KDOG. Il s’agit d’une compresse qu’il faudra porter sur un sein pendant une nuit seulement et ensuite enfermer dans une enveloppe hermétique et la renvoyer par la poste. Tout est expliqué dans le guide que vous allez recevoir, mais c’est très simple, le porter une seule fois suffit pour imprégner votre odeur sur le tissu qui sera ensuite proposé comme échantillon aux chiens pendant leurs entraînements. Rien de plus facile pour contribuer à ce projet qui pourrait sauver des milliers de vies.
Pour contribuer autrement au projet, vous avez également la possibilité d’acheter ces jolis t-shirts sur le site internet de TITSUP! je vous en parlais sur Instagram également. A chaque achat, 5€ sont directement reversés au programme KDOG de l’Institut Curie.
Les chiens, ces héros du quotidien
Cela fait plus d’un an que j’entends parler du projet KDOG – Institut Curie. La première fois, c’était lors d’un échange avec les équipes de Royal Canin qui soutiennent le projet depuis le début, en avril 2018. Ensuite, j’ai rencontré la team KDOG de l’Institut Curie, venue également aux 50 ans de Royal Canin au mois de septembre 2018. Un portrait des chiens entraînés pour détecter le cancer du sein nous a été présenté à cette occasion et il est possible de le voir également dans le livre « Chats et chiens – Compagnons – Nos héros du quotidien » qui présente notamment des profils de chiens et chats héros, réalisé et lancé pour les 50 ans de Royal Canin.
C’est vrai que si l’on arrive à leur apprendre à détecter les explosifs et la drogue, on peut aussi leur apprendre à détecter une maladie. Imaginez ce qu’on peut faire avec un chien qui a une formation exprès pour ce type d’action. En ce qui me concerne, j’ai déjà été assez bluffée par le pouvoir de l’odorat de Whiskey, qui avait su avant moi que j’étais enceinte. Il reniflait avec insistance le haut de mon crâne, endroit par lequel on élimine une bonne quantité de phéromones et il refusait systématiquement de tracter lors de nos sorties canicross, même sur demande. Lorsque j’ai fait le test et que je l’ai appris de manière officielle, j’ai compris son comportement que je prenais pour du caprice et je lui ai été reconnaissante pour sa manière de prendre soin de moi.
Les chiens et les chats sont des êtres incroyables, qui n’arrêtent pas de nous surprendre au quotidien par leur capacité à nous aider et nous accompagner, parfois de manière surprenante. Je vous encourage souvent à profiter du fait d’avoir un chien afin de faire bénéficier votre santé physique et psychologique (et la sienne aussi !) à travers le sport, mais la vérité est que les bénéfices d’avoir à ses côtés un chien sont tellement plus vastes ! Prenez bien soin des vôtres, un jour ils pourraient bien sauver votre vie, de plusieurs manières, d’ailleurs 🙂
Andreea