Comment devenir influenceur

Mon compte Instagram a récemment atteint les 30 000 followers. J’en suis à la fois fière et sceptique, est-ce que ça fait de moi un influenceur, désormais ? Et qu’est-egardant à travers leurs écrans cette vie de rêve qu’ont l’air d’avoir les influenceurs sur les réseaux sociaux.

A mon tour, je me fais aussi appeler influenceur parfois, même si poils de chien sur le canapé, croquettes dans les poches de mes jeans et éventements canicross, font moins rêver que des voyages à Punta Cana, dîner dans des restos étoilés, red carpet et fashion weeks qu’on peut voir chez les influenceurs life style et mode.

Influenceur ! Déjà, ce mot, qu’est-ce que je ne l’aime pas ! Ça ne veut rien dire et c’est présupposer qu’on aurait devant nous une masse amorphe, des zombies, qui feraient aveuglément tout ce qu’on fait. Or, vous le savez aussi bien que moi, c’est loin d’être le cas. De nos jours, on a tellement de sources d’information possibles, que tomber dans le panneau de l’achat impulsif juste parce que X a le même baudrier est rare. Oui, je parle de baudrier et pas de montre de luxe parce que c’est plutôt ça que vous pouvez voir sur mon compte 😀

Je pense surtout que par ici on partage des choses. Des bonnes pratiques, des conseils, des moments de vie. Et ça va dans les deux sens. Je suis loin de tout savoir sur tous les sujets de ma petite niche (vous avez remarqué le jeu de mots inspiré et subtile :p !) mais je me renseigne beaucoup, je lis en permanence, je participe à des événements, je rencontre des experts. Je connais pas mal de choses, mais, bien évidemment, pas tout, même si je suis en permanente quête d’information, parce que ce dont je vous parle est ce qui me passionne.

Même si je n’aime pas le mot, c’est vrai qu’il faut bien nous nommer, nous, ceux qui créons du contenu, vous parlons tous les jours de nos découvertes, de nouvelles marques ou nouveaux produits qu’on a testés, qu’on reçoit parfois gratuitement. Mais qu’est-ce que ça veut dire, être influenceur, aujourd’hui ? Comment fonctionne la relation avec les marques et avec sa communauté ? Y a-t-il de l’argent à la clé là-dedans et si oui, comment le faire ? Quels pièges éviter et quelle attitude avoir envers toutes les sollicitations qu’on reçoit ? Comment devient-on influenceur ? Je vous raconte mon expérience dans cet article.

Qu’est-ce qu’un influenceur ?

Pour moi, on peut appeler influenceur tout créateur de contenu passionné d’un domaine quelconque, dans lequel il possède une multitude de connaissances, qui aime parler et partager sur ce sujet sur les réseaux sociaux et qui arrive à assembler autour de ses idées et ses projets des gens qui s’intéressent au même sujet, qui lui font confiance pour leur apporter au quotidien des informations nouvelles, de la motivation ou juste une émotion qu’ils recherchent.

La taille de la communauté n’est pas importante, à mon sens, car on peut avoir des centaines de milliers de personnes qui nous suivent, sans pour autant être pertinent ou avoir quelque chose d’intéressant à apporter aux autres, tout comme, en ayant quelques centaines de followers, on peut être déjà un leader d’opinion sur son créneau.

Quand est-ce qu’on devient intéressant pour les marques ?

C’est la question que se posent tous ceux qui se lancent dans cette aventure pour cet objectif précis et qui sont à l’affut de partenariats et d’objets gratuits, dès le premier jour. Pour ma part, quand j’ai commencé à publier sur Instagram, ce n’était pas dans le but de devenir un jour influenceur. Je ne connaissais même pas ce mot, à l’époque, il y a maintenant 5 ans. J’ai commencé à publier parce que mes amis n’étaient ni passionnés, ni réceptifs à mon nouveau centre d’intérêt. J’ai lancé mon compte lorsque j’ai commencé à courir avec Whiskey et je cherchais des gens avec lesquels parler de tous ces sujets si nouveaux pour moi.

Il se trouve qu’à l’époque il n’y avaient pas beaucoup. J’ai donc vu mon compte Instagram (que j’ai d’abord nommé avec mon nom et prénom, comme sur Facebook) comme une sorte de journal de bord. J’y racontais mes sorties canicross, mes séances toujours en évolution avec un chien qui était bien plus sportif que moi, mes galères, mes petites victoires, mes découvertes de matériel, mes déceptions, mes avis. Petit à petit, j’ai réuni autour de moi des gens qui aimaient soit le sport, soit les animaux, soit les deux en même temps.

Beaucoup se sont lancés dans le canicross grâce à nos photos, à ces conseils que je partageais sans qu’on me le demande, juste parce que ça me faisait du bien d’en parler et d’avoir vos avis. Je suis toujours autant touchée quand l’un d’entre vous me montre ses progrès, me pose des questions sur la pratique ou le matériel. Mais je recevais de plus en plus de questions, à tel point que répondre aux messages privés me prenait un temps fou. C’est là que j’ai décidé de faire le blog, pour vous partager plus facilement ces expériences et vous envoyer plutôt vers les articles que de devoir écrire toujours les mêmes choses en privé.

J’ai été contactée pour la première fois pour un partenariat il y a 4 ans à peu près, quand mon compte était suivi par moins de 2000 personnes. Une application mobile qui proposait des balades sportives a trouvé mon profil proche de ses valeurs et a voulu qu’on fasse un bout de chemin ensemble. La personne qui m’a appelée à ce moment-là, la première qui a cru au potentiel de mon message, est depuis devenue une amie de cœur. C’est pour vous dire que la taille du compte n’est pas l’élément le plus important.

Par la suite, j’ai été régulièrement contactée par des marques d’accessoires, de friandises, d’éducation canine, de coaching sportif, de vêtements de sport et ainsi de suite. Ils proposaient tous des produits à tester, en échange de visibilité sur mon compte. Parfois je disais oui, parfois non, en fonction de l’intérêt que représentait pour moi l’objet en question. Je pense que c’est au moment où mon compte a atteint les 10 000 followers que j’ai commencé à recevoir des propositions plus sérieuses, peut-être est-ce un cap psychologique pour les marketeurs, peut-être est-ce lié au fait qu’on peut à partir de ce moment-là ajouter des liens dans les stories, je ne saurais pas vous dire.

Quels sont les pièges à éviter ?

Quand on est sollicité les premières fois par une marque, on est super content. C’est comme ça. On se dit que notre contenu doit avoir un certain intérêt pour attirer l’attention d’un annonceur qui partage le même univers. Sauf que, parfois, ce n’est pas le cas. Je m’explique. Je vais vous parler de mon expérience, car c’est ce que je connais le mieux.

Comme je vous le disais, beaucoup des demandes que je reçois sont liées à une proposition d’envoi d’un objet (dans mon cas jeux pour chiens, nourriture, équipement de canicross, articles de sport ou pour les enfants depuis que ma petite grenouille a intégré la team etc.). On me demande souvent de tester et d’en parler dans ma communauté. En bien, si possible, mais bien évidemment je me suis toujours sentie libre de donner mon avis sincère avec les plus et les moins et si j’étais vraiment déçue du produit, j’ai préféré faire un retour en privé à l’annonceur avec des pistes d’amélioration, au lieu de les descendre en public, ce n’est pas comme ça que je fonctionne. Ça m’est arrivé quelques fois avec des prototypes surtout, car un produit qui est déjà commercialisé doit passer tout un tas de testes de qualité et on peut aimer ou pas, mais c’est rare que ce soit la cata.

Il y a 4 ans, j’acceptais beaucoup de ces demandes par curiosité. Une nouvelle laisse pour courir avec son chien ? Fais voir ! Une gamelle intelligente ? Ça a l’air sympa. Un brassard connecté à mes chaussures ? Quelle innovation ! Bref, vous avez compris, on tombe assez vite dans le panneau du « trop bien, on m’envoie des cadeaux ! ». Sauf que, chers amis, c’est loin d’être le cas.

Lorsqu’une marque nous envoie quelque chose, elle ne le fait pas par générosité, nous ne sommes pas dans le monde des Bisounours et si ce n’est pas ton chéri ou ta mère, personne ne te fais des cadeaux désintéressés. La marque attend, en retour, une publication pour parler de cet objet. Un unboxing en stories, une photo sur Instagram ou Facebook (souvent les deux), un article de blog. Si on ne fait pas gaffe, on se fait aspirer dans une spirale affreuse qui nous transforme en panneau publicitaire avec zéro crédibilité, en porte-voix pour tous ceux qui ont un budget Chronopost.

Attention, je ne critique pas l’envoi de ces objets par les marques, vous allez le comprendre par la suite. Ce que je critique, dans un sens ou dans l’autre, c’est l’excès.

Pour les marques, l’excès d’envoyer des produits à tout un chacun qui voudrait bien les accepter. Je travaille dans la communication dans la vraie vie et je peux vous dire que je ne sais pas qui a fait ce type de plan de communication basé sur le reach, mais il n’est pas terrible. Surtout quand les « influenceurs » visés ont parlé du concurrent 2 jours plus tôt. Je dis ça, je dis rien. Toujours pour les marques, l’excès de demander des publications gratuites pour une barre de céréales, une gourde, un sac à crottes ou un pot de protéines à 19.90€. De temps en temps, pour un projet engageant, je veux bien, mais quand c’est systématique, c’est un peu nous prendre pour des quiches.

Je ne veux pas vexer qui que ce soit, mais, encore une fois, nous ne sommes pas au monde des Bisounours. Dans notre monde à nous, capitaliste et occidental, tout travail mérite salaire. Sachez que faire des contenus de qualité pour valoriser votre marque ça prend du temps, beaucoup de temps, pour certains d’entre nous qui travaillons et avons une famille à gérer, ce temps est très limité. Aussi du matériel photo ou vidéo d’un certain niveau, des logiciels de retouche, des frais de gestion pour un site internet et un CMS derrière, un ordinateur, un portable pas trop dégueu pour faire des stories par exemple et, non négligeable quand même, quelques bonnes années d’études pour avoir des aptitudes de communication, un vocabulaire correct et une grammaire propre pour ne pas faire honte à votre marque en y associant une image d’ineptie et l’agrammatisme. Payer un influenceur pour un contenu est une prise de risque pour la marque également, il faut que les deux parties y trouvent leur compte dans cet échange. Ça me semble fair.

Pour les « influenceurs » l’excès de publications sponsorisés, quand on voit un post sur deux de placement de petit bandana, petite laisse rose fluo à froufrous, petite caméra de surveillance, petit site de vente de produits AliExpress aux prix 15 fois plus chers (WTF ?! c’est du vécu, en plus) et ainsi de suite. L’excès aussi de contacter les marques pour quémander lesdits bandana, laisse rose à froufrous et caméra de surveillance. De toute ma vie, je n’ai contacté qu’une seule fois une marque pour demander si c’était possible d’avoir un produit pour le tester et ce n’est que parce que j’ai eu un réel coup de cœur pour celui-ci et que parallèlement je travaillais sur un sujet qui me permettait d’en parler dans un cadre cohérent.

J’entends souvent certains de mes partenaires qui sont contactés par des petits comptes qui réclament ceci ou cela. Souvent des ados qui rêvent de devenir influenceurs. Je sais que je vous ai dit que la taille du compte n’est pas l’essentielle pour qu’il soit de qualité, je le pense vraiment, mais il y a des limites de bon sens, je trouve. Pour moi, on perd toute crédibilité à aller gratter à la porte d’une marque pour demander un produit, un code promo ou autre, le faire à longueur de journée et pour tout et n’importe quoi. Ce n’est pas ça, être un influenceur. Même si rien ne vous empêche de le faire, bien évidemment, vous êtes libres de faire vos propres choix. Sachez juste que vous risquez d’être mal vus et par les annonceurs et par votre communauté. Je mets ça là, pour qui de droit 😀

Quelle étique de travail adopter ?

Encore une fois, je parle de mon cas. Après m’être égarée un moment, comme beaucoup d’entre nous parce que j’étais flattée que mon compte intéresse les marques et accepter la laisse à froufrous à mon tour, je me suis dit que travailler pour rien, ça ne m’intéresse plus. J’ai regardé mon compte avec un œil critique et je me suis mise à votre place. Qu’est-ce qui me plairait voir si je regardais mon compte de votre point de vue ? Quel intérêt à vous parler de tout un tas de produits, ce n’est pas ça, pour moi, être influenceur. Je me suis recentrée sur mes valeurs.

Ce que je cherche avec mon compte c’est de vous motiver, vous donner la patate, de l’énergie et des astuces qui ont marché pour moi, pour vous faciliter la vie et vous encourager à faire du sport. De vous dire que si vous avez un chien, il peut être un super partenaire de sport, si vous êtes maman, vous pouvez encore vous organiser pour profiter de votre enfant et vous sentir bien après une séance de sport aussi, si vous rencontrez des difficultés avec vos chiens, il y a des solutions. La vie est bien trop sérieuse pour se prendre au sérieux, je veux vous faire sourire et vous dire que tout peut aller mieux avec les endorphines et l’amour inconditionnel d’un chien. Voilà, rapidement, ma philosophie de vie, celle que j’applique au quotidien. Peut-être qu’elle ne correspond pas à tout le monde, mais ça marche bien pour moi, donc je vous la partage, vous en faites ce que vous voulez.

Depuis près de 2 ans, j’accepte seulement les projets qui ont du sens par rapport à tout ça. Avant de dire oui à quoi que ce soit, je me demande si ça colle avec le message que j’ai envie de faire passer. Adieu laisse rose fluo à froufrous ! Je me mets à consommer de manière plus responsable et j’essaie de vous montrer comment. De polluer moins. De mieux prendre soin de la planète pour qu’elle soit un lieu de vie agréable pour ma fille. De sensibiliser au sport dès le plus jeune âge, car les activités qu’on a en étant enfant sont celles qu’on va pratiquer pour le reste de nos vies. De vous donner des billes pour savoir comment approcher un chien, même si vous n’en avez pas, pour éviter des accidents qui me sont arrivés.

Je me pose des questions pour toutes les demandes des marques et je me renseigne bien sur les valeurs de chacun avant de dire oui. Je peux me planter, on n’est jamais à l’abri, mais au moins j’ai cette démarche consciente maintenant, j’interroge mon système de valeurs.

Peut-on vivre de ça ?

Je dirais que oui, parce qu’il y en a qui le font. Pas à mon niveau, bien évidemment. Je suis bieeeen loin de pouvoir vivre de ma passion pour l’instant, mais certains influenceurs y arrive quand même très bien, c’est un métier qui se crée sous nos yeux. Pourtant, notre société dans ses aspects très terre-à-terre est encore inadaptée à ce mode de vie, car je vois de plus en plus d’influenceurs dont c’est le métier se plaindre de ne pas pouvoir faire un prêt ou même trouver un appartement en location.

Les revenus peuvent être sporadiques, des fois important et d’autres complétement absents, on n’a souvent pas de visibilité au delà des contrats en cours (les plus longs pour moi sont d’un an, par exemple) donc pour se projeter dans le futur c’est pas facile-facile. Quand on a un enfant c’est un risque à prendre en compte aussi. Je pense que ce statut est adapté à ceux qui ont l’esprit un peu libre, un peu nomade, un peu moins ancré dans le concret. Mais il n’est pas pour tout le monde, c’est sûr. Pensez-y pendant que vous fantasmez sur le sujet. Tout n’est pas rose de ce côté-là non plus.

Comment devenir influenceur ?

On me demande souvent ça. Comment faire pour avoir des partenariats ? Se faire repérer, se démarquer dans cette foule d’influenceurs qui devient de plus en plus dense. Je ne pense pas être la meilleure personne pour répondre à cette question, je n’ai pas de conseil miracle à vous donner. Ce que je vais dire va sonner bateau, mais la première condition est pour moi de rester soi-même. Ne jouez pas un rôle, on ne peut s’y tenir jamais trop longtemps et ça se sent. Faites ce que vous aimez, faites-le avec passion, par contre et ça va se sentir aussi. On n’est jamais aussi à l’aise et aussi nous-mêmes que lorsqu’on parle de ce qu’on aime. Et on ne s’en lasse pas.

Mon autre conseil serait de faire de son mieux pour avoir un contenu de qualité. Soignez votre style, parlez avec votre cœur. Exit les photos floues, les photos de nuit avec le portable (yaycks!) les photos prises à l’arrache juste parce que tu devais publier aujourd’hui. Je ne parle pas de l’utilisateur lambda, mais de ceux qui veulent se donner les moyens d’attraper le Graal de l’influence et boire dedans. Investissez dans du matériel qui vous permettra de prendre de belles images, Instagram est surtout basé là-dessus. Je vous conseille d’investir une fois que vous êtes surs de vouloir vous lancer, sinon ça n’a pas beaucoup d’intérêt.

Pensez aux comptes que vous suivez et aux raisons pour lesquelles vous le faites et cherchez l’inspiration. Quand je dis inspiration, je n’incite pas au vol intellectuel, qu’on soit clairs ! Inspiration ne veut pas non plus dire utiliser les filtres LightRoom de telle ou telle blogueuse qui les vends sur son compte. A la limite, ça, on s’en fiche. Mais voir et comprendre le style des autres vous permettra de mieux comprendre et définir le vôtre.

Voilà, c’est ma manière de voir les choses et pas la seule, bien évidemment. Si vous avez des choses à dire ou à demander sur le sujet, n’hésitez pas !

Andreea

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