
Je vous l’annonçais il y a quelques jours sur Instagram, cette année la France a organisé pour la première fois le Championnat Mondial de chien de traîneau et de skidog et j’ai eu la chance de participer à la 18ème édition de cette compétition internationale grâce à l’invitation de mon partenaire Royal Canin, sponsor officiel de l’événement.
Mercredi midi, départ pour la petite commune de Bessans, lieu historique pour le chien de traîneau, car en 1983 on y trouvait la première école française d’initiation à cette discipline. Ce petit village de 350 habitants qui accueille désormais 417 attelages et 1661 chiens pour cette énorme manifestation a du mal à couvrir tout seul les besoins de cette énorme course. Heureusement les volontaires sont là, les organisateurs et les 16 vétérinaires qui travaillent jour et nuit pour le bien-être des mushers des 25 pays participants et de leurs chiens.
Sept heures de route plus tard, je rejoins l’équipe d’organisation, Royal Canin, sponsor officiel du Championnat Mondial de chien de traîneau, les journalistes et les mushers. Côté Instagram, je suis la seule représentante du réseau. De quoi être fière, mais aussi se mettre la pressions. Je n’avais pas conscience de l’ampleur de cet événement, la plus grande course de chiens de traîneau jamais organisée, mais la découverte des lieux m’a fait vite comprendre que j’allais assister à quelque chose d’unique et que j’avais beaucoup de chance d’être là, entourée par tous ces passionnés de sport et de chiens, ces champions nationaux, européens et mondiaux, ces amoureux de la nature, ces warriors qui affrontent les éléments avec leur équipe d’extraordinaires canidés pour le plaisir du partage et de la victoire.
Jeudi, je tourne un reportage avec France 2 pour l’émission C’est au programme, le timing s’annonce chargé. Ils m’accompagnent toute la journée et notamment lors de la découverte du traîneau et du skijoring, les deux disciplines présentes à ce Championnat Mondial que je vais aussi tester pour la première fois.
Pour le chien de traîneau, je vous avoue, c’est un rêve d’enfant qui se réalise, car j’avais 8 ans quand j’ai lu Croc Blanc et depuis j’en rêve des que les chiens et la neige sont dans le même contexte. L’initiation se fait sur les hauteurs de Val Cernis, dans une école locale. Le moniteur m’explique comment me tenir et équilibrer mon poids pour aider l’équipage. Il appelle les chiens un par un et il les attache à leur place. Ils s’excitent de plus en plus en attendant le départ imminent de l’attelage. L’équipe France 2 est à côté de moi et ne rate pas une miette de cette expérience inédite. Je peux vous dire que je suis ravie d’avoir bientôt cette vidéo en souvenir, je pense que je la passerai en boucle dès que ça n’ira pas, tellement l’expérience m’a apporté de la joie.
Le traîneau demare avec un petit à coup qui me colle au dossier. Le chien de tête obéit au doigt et à l’oeil à son humain et ses réactions sont quasi-immédiates. Gauche, droite, stop et go, elle maitrise parfaitement ses 4 commandes et les autres la suivent confiants. Pour les besoins du tournage, on a dû emprunter des routes qui ne lui étaient pas habituelles et à chaque décision humaine qu’elle considérait étrange, elle jetait en arrière un regard interrogateur, comme pour vérifier s’il était sur de son coup.
J’en ai profité pour poser plein de questions au moniteur. J’en ai posé encore plein d’autres aux mushers qui participent au Championnat, car le sujet me fascine. J’ai aussi posé toutes vos questions, reçues via Instagram. Voici donc ce que je peux vous dire sur les chiens de traîneau.
Les chiens ont des rôles différents dans l’attelage
En effet, chaque chien rempli un rôle et il y en a 4 : le chien de tête dont je vous ai déjà parlé est celui qui mène le traîneau dans la direction que lui transmet le musher. Il peuvent y avoir 2 chiens de tête et souvent il s’agit d’un chien confirmé et un autre qui est en apprentissage pour remplir éventuellement ce rôle par la suite.
Les chiens de tête sont parmi les plus obéissants, calmes et proches de leur humain. Ils sont intelligents, posés et rapides, mais pas les plus rapides, pour que les autres puissent garder le rythme qu’ils donnent sans se fatiguer trop vite. Un chien de tête doit avoir du caractère, pour ne pas se laisser faire par la ligne de derrière lui, qui pourrait par moment essayer d’aller plus vite que lui. Si c’est le cas, le chien de tête doit pouvoir calmer le jeu et aller au rythme voulu par le musher. Le chien de tête n’est pas obligatoirement le leader du groupe.
Derrière le ou les chiens de tête on trouve les swing dogs, ils ont pour rôle d’épauler la première rangée et garder le rythme, on a donc souvent intérêt à y mettre des chiens rapides et obéissants.
Juste devant le traîneau on trouve les wheel dogs (les chiens-roue) qui sont généralement les plus gros gabarits, les plus stables et sur les épaules desquels repose surtout le bon équilibre du traîneau lors des virages. Si les wheel dogs prennent des virages trop serrées, tout l’attelage peut se retrouver bloqué ou ralenti, ce qui les pénalise sur les épreuves.
Entre les swing dogs et les wheel dogs, on trouve les team dogs, qui ont seulement des rôles de tractation. Il faut savoir qu’un chien de traîneau est capable de traîner l’équivalent de son poids, donc plus on met des chiens dans un équipage et plus on peut charger le traîneau.
Sur les courses du Championnat Mondial, le minimum de chiens sur un attelage est de 4 (2 chiens de tête et deux wheel dogs) et le maximum de 12.
Vous le savez peut-être déjà, mais les chiens sont comme nous, droitiers ou gauchers. Whiskey, par exemple est droitier. Il a plus de facilité à tourner vers la droite dans tous les tricks qu’il apprend. Eh bien, pour les chiens de traîneau c’est pareil et même si on change leur rôle dans l’attelage, on ne change jamais leur côté, sauf des exceptions assez rares de chiens ambidextres.
Les races qui participent font partie de 2 catégories : les chiens nordiques (principalement des huskies sibériens) et les chiens scandinaves (principalement des greyster et eurohound). Historiquement, dans les pays scandinaves, les chiens de traîneau sont des chiens de chasse car ils aidaient leur chasseur ramener le gibier et le matériel de chasse à la maison. J’ai été surprise de voir plus de chiens de chasse que des chiens nordiques sur ce Championnat.
Que mange un chien de traîneau
Les épreuves les plus longues sont celles de 42km. Autant vous dire que la consommation d’énergie est très importante, elle est en moyenne de 4500kcal sur les courses en Europe et de 10000 à 12000kcal pour les courses dans le Nord comme l’Iditarod en Alaska.
En parallèle, la consommation d’un labrador qui vit en appartement est d’environ 2000kcal par jour, même s’il a la chance de bénéficier d’un jardin. Pour aller chercher cette énergie, les chiens de traîneau sont nourris avec des gammes spéciales, avec une teneur énergétique augmentée, très riches en acides gras. Pour info, les chiens de ce Championnat Mondial sont nourris de croquettes et plus particulièrement des gammes comme la 4800 et 5000 (gamme marathon) chez Royal Canin par exemple, qui a conçu une nutrition spécifique d’aliments qui s’adaptent aux besoins évolutifs des chiens, selon qu’ils sont en phase d’entrainement, de compétition ou de repos.
Ce qu’il faut surtout retenir est que les besoins alimentaires du chien de traîneau sont très spécifiques et que le musher lui-même joue un rôle important dans la détermination de l’alimentation de ses chiens. Il doit être capable de calibrer son évolution au fur et à mesure de la variation des besoins.
Le musher doit donc être un fin connaisseur de ses chiens et des règles de nutrition, car il doit adapter le plus finement possible l’alimentation de l’animal, en fonction de plusieurs paramètres : la condition de ses chiens (état de forme, poids) leur race, environnement (état du terrain, altitude, dénivelé, conditions météorologiques, la charge tractée, l’effort demandé et le nombre de chiens composant l’attelage.
La complicité entre les chiens et leur musher, au coeur des enjeux
La complicité entre le musher et les chiens est de loin la plus belle chose que j’ai pu voir sur cette compétition. Elle est indispensable au bien-être de l’animal, à la bonne réussite de la course. Elle se ressentait véritablement sur le Mondial, avec l’envie irrépressible des chiens de courir. Dans les starting blocs, j’ai pu voir la même énergie et envie d’y aller que je vois sur Whiskey lors de nos départs en course, mais puissance mille.
En effet, je suis persuadée que la pratique des sports de traîneau ne peut se concevoir sans un parfait respect de l’animal, ni une complicité totale entre les chiens et leurs humains. C’est bien une discipline sportive dans laquelle l’homme et le chien partagent le même effort. Le musher n’est pas passif sur son traîneau, au contraire : lorsque la piste monte, il court dans la neige pour soulager le traîneau de son poids. En descente, il doit manoeuvrer comme le ferait un skieur afin de bien négocier les virages à une vitesse rapide qui va souvent au delà de 40km/h.
Sur le terrain plat, le musher « pédale » en balançant son poids, il aide ainsi les chiens en poussant sur l’une de ses jambes.
Les chiens attelés n’obéissent qu’à la voix de leur maître. Il est donc fondamental que celui-ci ait une relation de confiance parfaite avec ses chiens, en particulier les chiens de tête. De plus, l’objectif étant malgré tout d’aller le plus vite possible, tout repose sur l’envie des chiens. L’envie de courir et de se surpasser arrive lorsque les chiens sentent que le musher est content et les encourage.
Après les courses, les chiens bénéficient de massages de récupération, comme les athlètes de haut niveau. Cela les aide à mieux récupérer de leur effort et à se remettre plus rapidement.
Les visites vétérinaires et les tests antidopage font partie de leur quotidien et on peut dire qu’ils sont traités exactement les sportifs humains qui participent à ce genre d’épreuves.
Quand la saison de la neige se termine, les athlètes s’entraînent avec des quads à roulettes à la place du traîneau, pour maintenir la forme de leurs chiens et quand les températures montent au dessus de 20 degrés (de mai à septembre à peu près) les chiens sont en vacances et se reposent de leur saison.
Un grand merci au musher Frédéric Desbrée qui m’a permis d’assister à un moment de forte complicité post-course avec ses chiens et qui m’a tout expliqué sur l’initiation des enfants au chiens de traîneau ! ça me donne envie de tester plus tard avec ma fille.
J’ai adoré ces rencontres si authentiques avec des gens qui aiment les animaux, le sport et l’effort, le travail d’équipe et la relation privilégiée qu’on construit avec nos chiens lorsqu’on a un objectif commun.
Je pense que Whiskey aimerait bien les sports d’hiver, d’ailleurs j’espère pouvoir l’amener très vite à la neige pour tester tout ça !
Andreea