
D’habitude c’est Whiskey qui vous parle sur le blog, mais, pour ce sujet, j’ai trouvé important de vous raconter ma version des choses en ce qui concerne un sujet sur lequel je reçois beaucoup de questions sur Instagram : l’accouchement de ma petite Mia.
Comme d’habitude, je vais vous parler sans filtre et je partage volontiers cette histoire, car je suis convaincue qu’elle peut aider certaines (et pourquoi pas certains) à avoir un autre regard sur ce sujet. Je ne vais pas vous épargner certains détails, donc si vous avez le coeur bien accroché, continuez la lecture. Sinon, à bientôt 😀
La grossesse – ce cauchemar qui dure 9 mois
Je ne vous ai jamais caché l’aversion que j’ai eu pour la grossesse. Chacun vit cette période de manière différente, évidemment. Pour moi, ça a été long, perturbant de voir mes abdos disparaître (même si, je vous l’accorde, je n’ai pas eu un énorme ventre), mon corps changer alors que j’avais travaillé pendant des années à le muscler et le rendre fort et endurant, frustrant de ne pas pouvoir faire tout ce dont j’avais envie, de m’essouffler en montant des escaliers, affolant de me dire que ces mêmes jambes avaient fait deux marathons et se trouvaient désormais en coton.
Tout ça, même si je n’ai pas eu une grossesse particulièrement compliquée. Car mis à part un premier trimestre où les nausées ont fait la loi, le reste a été plutôt sympa, j’ai pu bouger librement jusqu’à la dernière minute, j’ai continué le running jusqu’au début du 8ème mois, la muscu jusqu’à la fin et j’ai enchaîné les semi-marathons à pied au quotidien, les événements influencer et sportifs et ainsi de suite.
Malgré tout ça, l’accouchement était, dans ma tête, encore pire que de rester enceinte. On entend autour de nous tellement d‘histoires d’horreur, des expériences négatives au plus haut point, des péridurales ratées, des aiguilles cassées dans le dos, du sang sur les murs (ok, ok, j’exagère :D). Après avoir assisté à un cours de préparation à l’accouchement, j’ai failli tomber dans les vapes quand ils ont expliqué le procès.
Un bébé très pressé de rencontrer tout le monde, pointe son bout de nez 3 semaines et demi avant le terme
Dans ma tête, mon bébé était la seule chose positive que j’allais en tirer de cette grossesse. Mais j’appréhendais cette rencontre, car je n’ai jamais eu d’instinct maternel. Je n’ai jamais joué aux poupées étant gamine, je n’ai jamais eu envie de passer du temps avec des mômes, encore moins d’en vouloir.
Ca a changé quand j’ai rencontré mon chéri, mais plutôt au niveau cérébral : j’avais envie de créer quelque chose avec lui, un petit être humain qui partage notre ADN semblait une idée alléchante, car on allait avoir quelqu’un à qui apprendre tout ce qu’on avait appris jusque là et qui nous apprendrait, à son tour, plus que ce qu’on pouvait imaginer. Ca ne venait pas d’un besoin utérin, mais d’une envie du coeur. Et même quand ce raisonnement a fait son bout de chemin dans ma tête, j’ai pris longtemps avant de passer à l’acte. Pour moi, avoir un enfant était une décision importante, je ne pouvais pas la prendre à la légère.
Ce bébé, qui a été fait d’un trop-plein d’amour, était aussi pressé que ses parents de commencer une super aventure à 3. C’est comme ça qu’elle a décidé de débarquer sans prévenir un dimanche soir, presqu’un mois avant la date préconisé par les médecins. Tout a commencé pendant que je dormais tranquillement dans mon lit.
J’avais prévu tout le planning de la semaine en avance, j’avais plein de rendez-vous à caler, une séance photo, le vernissage de mon amie Lola Ledoux (allez voir son expo Chez le Chien !), le lancement de la Woof Run dont je suis ambassadrice, le Salon Chien Chat. J’avais prévu de me calmer et lever le pied à partir du 20 avril, date à partir de laquelle je me disais que tout pouvait arriver.
Mia n’a pas tenu compte de mes plans et je me suis mise au lit tranquillement un dimanche soir et je me suis réveillée une heure après, parce que j’avais perdu les eaux. Surprise ! Je savais qu’une fois que ça arrive, on a grosso modo 2 heures pour se rendre à l’hôpital. Par la suite, le bébé n’est plus dans un milieu protégé et des infections sont possibles. Pourtant, je n’étais pas du tout pressée d’y aller, surtout que je n’avais pas de contraction. J’ai donc traîné tant que j’ai pu, à jouer avec les chiens, prendre une douche, ajouter les dernières affaires dans la valise. Tout pour éviter ce moment incontournable. Après une heure, je n’ai plus eu le choix et on a pris la voiture, direction l’hôpital Saint Joseph.
Accoucher était, pour moi, mourir un peu
En arrivant à l’hôpital vers 2h du matin, on annonce à l’accueil que j’ai perdu les eaux et on me met de suite en salle d’accouchement. Pas de passage par une salle d’attente. Et merde ! ça fait flipper. J’ai une peur bleue des hôpitaux, des aiguilles, des odeurs qu’on retrouve dans ces milieux stériles. Je faisais encore ma maligne, parce que je n’avais toujours pas de contraction. Sur une échelle de douleur de 0 à 10, j’étais à 0. Pas très zen, mais sans douleur.
Une sage femme m’a informée qu’il fallait faire un test pour savoir si j’avais je ne sais quelle bactérie. Si positif, l’accouchement allait être déclenché artificiellement pour protéger le bébé. Sinon, on allait attendre jusqu’à 48h pour qu’il se déclenche tout seul. Aucune de ces 2 perspectives ne me plaisait. Une heure plus tard, le test était négatif, je devais donc attendre. Je commençais à sentir des petites contractions, mais rien d’affolant, pareil que les contractions que j’avais déjà senties auparavant pendant la grossesse. Un petit 1 sur l’échelle de la douleur.
Avec mon chéri, on a commencé à regarder un épisode de Orange is the New Black, on a du retard sur cette série. J’avais le droit de faire ce que bon me semble. J’ai récupéré un Swiss Ball dans les couloirs de l’hôpital et je me suis installée dessus. Quelque temps plus tard, les contractions étaient toujours sans douleur, mais plus régulières. On m’a expliqué qu’on était dans une phase de pré-travail. Vers 6h du matin, le vrai travail s’est déclenché. Une dilatation de 2cm et un col raccourci, étaient les signes que j’allais, visiblement, accoucher dans la journée.
Un interne m’a informée que la moyenne de dilatation était de 1cm toutes les 2 heures. Sachant qu’il faut arriver à 10cm, j’ai calculé que j’allais y passer ma journée, pour que le cauchemar se termine vers 19-20h du soir. Mais c’était sans compter sur ma petite grenouille pressée. Heureusement d’ailleurs.
Entre le 2ème et le 3ème centimètre de dilatation, les contractions ont été violentes. A tel point que la Swiss Ball ne servait plus à rien, je n’arrivais plus à me concentrer sur la série et je me figeais sur place chaque fois que j’en avais une, c’est à dire toutes les 2 minutes. Je me suis dit que c’était le début de la fin.
Dieu merci pour la péridurale !
Heureusement pour moi, ce passage a été assez court, une heure à tout casser. Quand ils sont arrivés pour me demander si je voulais la péridurale, je n’ai pas hésité, même si ce moment me faisait presque plus peur que la partie où on est censées pousser. Les contractions me faisaient plus mal que lorsque je m’était cassé le coude à 2 endroits différents et sur l’échelle de la douleur (de 0 à 10) j’étais facilement à 12 😀
Je ne voulais rien voir de cette procédure, j’allais probablement perdre connaissance en voyant la taille de l’aiguille de toute manière. Quand ils m’ont demandé si j’étais prête, entre 2 contractions, je tremblais comme une feuille. Mais je faisais encore de l’humour. J’ai demandé si, à leur avis je tremblais de douleur ou de peur et l’anesthésiste m’a confirmé que j’étais une sacrée flippette. Mais avoir mon chéri sur place, ça a été d’une grande aide, je n’ai donc pas broché lorsqu’on me piquait le dos. Et, franchement, ça ne fait pas aussi mal que je le pensais. On fait d’abord une anesthésie locale, donc on ne sent pas grand chose.
Et le résultat est bluffant. Un quart d’heure plus tard, on n’a plus mal. Je sentais toutes les contractions, mais sans douleur. Magique. Le mieux, c’est qu’on a cette télécommande dans la main, avec laquelle on peut décider à quel moment on augmente la dose d’anesthésique. Sentir qu’on a le contrôle à ce moment-là, c’est génial. J’ai dû appuyer sur le bouton en question 2 ou 3 fois au total, le reste du temps, une dose constante est envoyée dans l’espace péridural et je pense honnêtement qu’elle est suffisante pour ne pas complètement endormir le bas du corps et sentir ce qui se passe, pouvoir pousser sans avoir mal.
La théorie de la relativité pendant un accouchement
Une fois la péridurale en place, j’étais aux anges. Je vous ai fait des stories depuis la salle d’accouchement, répondu aux commentaires, appelé mes proches, envoyé mon mari à la maison pour y laisser la voiture, sortir les chiens et leur donner à manger. J’avais devant moi quelques bonnes heures avant de rencontrer mon bébé, d’après le staff médical, pour passer de 3cm à 10.
Sauf que la sage femme qui est venue me voir une heure plus tard, m’a informée que j’étais déjà à 9cm. Tout est relatif, mais quand même ! D’après elle il me restaient à peu près 3 heures avant le moment crucial. J’ai appelé mon chéri pour qu’il revienne vite. Je n’avais aucune envie d’être seule quand ça m’arrivait. 30 minutes plus tard il était là, avec un Kinder Bueno qui me donnait très envie, mais je n’avais plus le droit de manger depuis quelque temps déjà. Frustration. Il n’a jamais eu le temps de le manger non plus, car, dès qu’il est revenu, on m’a dit qu’il fallait passer aux choses sérieuses et pousser.
En entendant cette phrase, de battre mon coeur s’est arrêté. Non, je n’étais pas prête. Dans tous les films où le sujet est abordé, ça a l’air affreux. On crie, on transpire, on hurle à la lune et après on est épuisé. Je ne voulais pas que ce moment arrive et voilà qu’il était là, bien plus tôt que prévu, de tous les points de vue. Je me suis rappelé à ce moment précis d’un article que j’avais lu sur un blog de muscu, où on comparait le fait de pousser avec faire des squats. Je me suis dit que des squats, je sais en faire. Donc j’ai attendu la prochaine contraction et j’ai fait un squat, puis un deuxième et un troisième. La sage femme m’a arrêtée avant le 5ème. Plus besoin, on était bon. Tout ça pour 4 squats, je me suis dit.
J’avais précisé à l’équipe médicale que ni mon mari, ni moi, on n’avait aucune envie de couper le cordon, mais je ne pensais pas qu’il fallait préciser que ça ne me disais pas non plus qu’on me mette ma fille dans les bras avant qu’elle soit propre. La voir mauve, pleine de sang et d’autres liquides douteux, avec une tête rhomboïdale, ça a été assez choquant. Car lorsqu’on m’a demandé de tendre les bras, je pensais que ça faisait partie du procès d’accouchement. C’était pour me la donner. Elle faisait un peu peur. Ce n’était pas trop ce que j’avais commandé 😀 Mais, une heure plus tard, quand on me l’a rendue après les soins et les analyses, elle était rose et rigolote, elle m’a tout de suite plu.
L’instinct maternel est né pendant la nuit
J’appréhendais l’accouchement plus que la suite et le fait de devenir la mère de quelqu’un. Ca ne veut pas dire que je me sentais prête, mais juste que j’arrivais plus à me projeter dans ce rôle que dans celui de la femme enceinte. J’avais élevé des chiots, des chatons et d’autres petites bêtes, nom de Dieu, à quel point ça pouvait être différent ? La vérité est que ça se ressemble. Responsabilisez vos enfants en adoptant des animaux, ça les aidera dans le rôle de parent 🙂
Je ne me suis pas sentie très émue quand j’ai tenue ma fille dans les bras pour la première fois, mais plutôt rassurée d’avoir survécu 😀 Un peu perturbée par son étrange apparence. J’ai eu un moment d’émerveillement lorsque sa petite bouche a trouvé mon sein la première fois, il y a quelque chose de très attendrissant dans cette tête de chien foufou qui a faim, mais ne sait pas comment faire pour se nourrir. Et qui, d’un coup, s’accroche. Il y a eu une certaine connexion des deux esprits à ce moment là, j’ai compris qu’elle avait profondément besoin de moi et moi d’elle, à un niveau que je n’imaginais pas auparavant.
On a passé la première nuit à se regarder, à se découvrir. Ok, elle ne voit pas grand chose encore, mais elle reconnait mon odeur et elle a l’air de me connaître déjà. Et tout d’un coup, elle arrête d’être ce petit alien qui me donnait des coups de pied sous les côtes et elle devient mon petit. C’est une sensation que je ne pouvais pas imaginer avant de la vivre et je pense que la plupart des parents vous dira la même chose.
On continue à faire connaissance, c’est tout un procès. Mais on s’aime déjà et ça, c’est une évidence. Comment c’est possible ? Je ne sais pas. La nature est bien faite. Et il y a un peu de magie là-dedans.
Ce fut un accouchement simple, rapide et efficace, 4h et quelques à tout casser de travail, quelques squats et hop ! Pour conclure, je dirais que si moi j’y ai survécu, vous avez toutes les chances de vous débrouiller mieux que ce que vous imaginez. Je m’étais fait une montagne de cet accouchement, ça a été une bonne expérience en fin de compte. Le sport, ça aide pas mal, mine de rien et l’équipe de l’hôpital me m’a bien confirmé. Donc mettez-vous à en faire avant de tomber enceinte et restez active pendant la grossesse si possible. Le reste est une question de chance. Et de squats 😉