
Lorsque je pars à la découverte d’un nouvel endroit, comme lorsque je marche sur des sentiers battus, mon arme de choix – mon weapon of choice comment disent mes amis anglophones est mon sens olfactif. Le pouvoir de mon odorat est tel, qu’il dessine dans ma tête de chien une sorte de carte sur laquelle je pourrais facilement me repérer les yeux fermés.
Je suppose que je suis comme la plupart des canidés urbains, j’ai un chemin de prédilection que je prends lors de mes balades quotidiennes et, quand le temps nous le permet, mon humaine aime me faire découvrir d’autres endroits et d’autres routes que j’explore grâce à mon flair surnaturel.
J’ai la chance d’avoir une humaine sportive, qui m’amène courir 3 à 4 fois par semaine et, comme elle n’aime pas non plus prendre la même route à chaque fois, elle change le parcours assez souvent. Surtout quand elle prépare une course en particulier, comme un nouveau marathon, par exemple.
Les sorties que nous avons à faire sont différentes les unes des autres et celles que je préfère sont celles qu’on appelle les sorties longues. Comme leur nom l’indique, elles durent plus longtemps que les autres. Pourtant ce n’est pas forcément pour cette raison que ce sont mes préférées, mais parce que, pour les faire, l’humaine m’amène dans les bois. Et là-bas, c’est un festival pour mes récepteurs. Surtout parce qu’on commence chaque séance par une longue balade qui me permet justement de renifler à ma guise les environs et marquer mon territoire comme le demande le code canin.
Voici comment se déroule une sortie classique de mon quotidien : l’humaine décoiffée, pas maquillée et encore à moitié endormie jette la première veste qu’elle trouve et une paire de chaussures et m’amène faire un tour dans le quartier, souvent un café à la main. Dès qu’on sort de l’immeuble je tourne à gauche, par habitude et je lève la patte sur le mur d’à côté. Tout ça parce que je sais que le berger allemand qui vit dans la maison en face fait sa balade un peu après moi et je veux que ce vieux veinard sache que la rue m’appartient.
Par la suite, je déambule dans la petite rue derrière l’église et souvent les ding-dongs des cloches me préviennent que bientôt le petit bichon blanc qui fait le virile va passer dans le coin. Qu’est-ce qu’il m’embête, celui-là, il n’arrête pas de pisser sur mes buissons !
Je sens l’odeur pleine de beurre lorsqu’on passe devant la boulangerie et je tourne tout le temps la tête, car j’aimerais bien qu’on rentre et que je puisse goûter à ces croissants qui sentent merveilleusement bon. Mais l’humaine m’en empêche à chaque fois et même quand elle y va pour acheter quelque chose je suis obligé de l’attendre comme un pouilleux à la porte. Il paraît que les chiens y sont interdits.
Le chemin tourne après à droite de la poissonnerie, ces poissons morts puent comme pas possible et je me presse à dépasser cet endroit affreux. Je parlais un jour avec le chat noir de la voisine qui m’expliquait que c’est son coin préféré du quartier. Pour quelle raison, je n’arrive toujours pas à comprendre, mais les chats sont souvent bizarres.
Par la suite, je sens bien tous ce que je peux sur la route vers le parc. Le mieux c’est au printemps ou en automne quand des chiennes inconnues me font du charme à travers une explosion de miasmes qu’elle laissent sur la route comme un parfum. Je m’attarde longtemps là-dessus, pour le plus grand désespoir de l’humaine qui fait des grimasses pas possibles quand elle me voit lécher par terre : « Ah Whiskey, tu es vraiment dégueulasse » elle me dit. Je lui pardonne, les humains ont du mal à comprendre les instincts, parfois. Et même si j’ai été stérilisé, ça ne s’efface pas, désolé, c’est la vie.
J’adore quand on change de trajet. Quand elle a plus de temps, ou quand elle m’amène courir, l’humaine aime varier les plaisirs et changer les chemins. Et là, c’est le bonheur en ce qui me concerne, car on passe souvent dans des parcs et les parcs sont un mélange de tellement de bonnes choses que je ne partirais plus jamais. Je voudrais connaître chaque animal qui laisse ces traces olfactives uniques, comme une signature. Mes préférés sont les poneys. Ce sont comme des moutons plus grands et moins dociles, un vrai challenge pour un chien de berger comme moi. L’humaine aussi adore leur odeur et elle va souvent les caresser.
Il y a aussi des cygnes, des oies et autres oiseux que je n’ai jamais réussi à attraper, mais mes copains qui sont des chiens de chasse me disent qu’ils ont aussi bon goût 😀
Les petits humains passent souvent dans les parcs, ils ont même des petites cages dédiées dans lesquelles ont peut les voir jouer et sauter dans tous les sens. J’aime m’arrêter et renifler autour de ces cages, des fois ça sent trop bon les couches, même si l’humaine dit que ça sent mauvais.
Je pense que ma partie préférée des balades reste quand on prend la voiture et qu’on va loin, très loin et que je découvre tout un univers de nouvelles choses incroyables dans la campagne. J’adore gambader librement (parce que c‘est pas top, la laisse, quand même !) et explorer des endroits inconnus, des parfums que je n’ai presque jamais sentis de ma vie. Les arbres et l’herbe sentent différemment, il y a plein d’animaux nouveaux aux alentours et je cours dans tous les sens, obnubilé par tant de choix qui se présentent à moi.
Et vous, quels sont les endroits que vous aimez explorer le plus ? Ceux que vous connaissez par cœur, ou les tous nouveaux qui éveillent en vous tous les sens ?
Whiskey